DEPENALISATION DES DELITS DE PRESSE : DES JOURNALISTES DES REGIONS MARITIME ET DES PLATEAUX A L’ECOLE DE LA RESPONSABILITE PROFESSIONNELLE

Une soixantaine de journalistes des régions Maritime et des Plateaux ont partagé, le mardi 21 mars à Lomé, leurs réflexions sur la responsabilité qui leur incombe dans le contexte de la dépénalisation des délits de presse. C’est dans le cadre d’un séminaire, initié par la Haute
Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), sous le thème «la dépénalisation des délits de presse et la responsabilité du journaliste ». Ont également pris part à cette rencontre des magistrats, avocats et des officiers de police judiciaire.

Outre ce thème développé par l’ancien procureur général de la République, M. Dabré Gbandjaba, les échanges ont porté également sur deux autres communications notamment « dépénalisation des délits de presse : le regard de la HAAC » et « point de vue d’un journaliste sur la dépénalisation des délits de presse ». Des sujets qui sont respectivement exposés par M. Kasséré Sabi, membre de la HAAC et Mensah Djossou, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Combat du Peuple.

Ouvrant les travaux, le président de la HAAC, Pitang Tchalla a indiqué que l’organisation de ces assises répond à l’une des prérogatives de son institution comme le dispose l’article 22 de la loi organique n°2004-21 du 15 décembre 2004, modifiée par les lois 2009-021 du 15 décembre et 2013-016 du 8 juillet 2013. « La Haute Autorité veille à la culture et au développement de la conscience professionnelle, au respect de la déontologie et de l’éthique en matière de presse et de communication… », stipule ce texte.

M. Tchalla a rappelé que l’interdiction d’infliger des peines de prison pour tout délit commis par voie de presse a été consacrée en 2004 suite à d’intenses négociations entre le gouvernement et la corporation des journalistes, des négociations qui ont abouti à des modifications de la loi du 11 février 1998, modifiée par celle du 15 septembre 2002 portant code de la presse et de la communication en République Togolaise.
Cette dépénalisation, une première dans l’espace francophone africain, a été saluée au Togo et à l’extérieur comme une victoire de la presse, a-t-il souligné.

Treize ans après cette salutaire mesure, M. Tchalla, fait le constat selon lequel la dépénalisation a été plutôt comprise comme une licence, une voie royale ouverte au libertinage, comme un feu vert, « un laisser-aller sur l’autoroute des violations de toutes sortes, surtout lorsqu’il s’agit de personnalités publiques, de la vie privée des citoyens. Il a aussi appelé la corporation à redorer sa prestation à travers un engagement résolu pour le professionnalisme, souhaitant que ce séminaire aboutisse à des résolutions qui
permettent de bâtir de nouveaux chemins pour une presse plus responsable et fière de son indépendance.

Dans son introductif, le ministre de la Communication, de la Culture, des Sports et de la
Formation civique, Guy Madjé Lorenzo, a fustigé le sensationnalisme auquel se laissent aller certains journalistes, ajoutant que la dépénalisation n’est pas synonyme de déresponsabilisation. Il a déploré le fait que le développement du numérique donne lieu à un journalisme peu scrupuleux qui, via notamment internet, porte atteinte à la dignité humaine. M. Lorenzo a convié les professionnels de la presse à la conscience professionnelle et assuré que l’Etat continuera d’octroyer de l’aide financière aux médias pour leur permettre de participer au débat démocratique et à l’instauration d’un Etat de droit.

ATP/AKA/KYA

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